03
avril
- 2019 -
Conférence de Stéphane Guyot
"La Grande Saline de Salins-les-Bains (France-Jura), un bâtiment « industriel » de la fin du XIe siècle à 1962"
Classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2009, la valorisation de la Grande Saline de Salins‑les‑Bains (France‑Jura) met en lumière un formidable complexe de production de sel ainsi qu’un aspect jusque‑là méconnu de l’occupation comtoise durant le Moyen Âge et des époques moderne et contemporaine. Par l’intermédiaire de l’exploitation et de la vente du sel, sans omettre les voies de circulation pour son acheminement, essentielles à ce commerce, le sel a fait la richesse des propriétaires et seigneurs locaux successifs, allant même jusqu’à défier les rois.
Par l’intermédiaire de trois études archéologiques, l’histoire et l’évolution de ce monument, une ville dans la ville, sont revues, souvent corrigées. La collecte et l’exploitation de la saumure est ainsi abordée par la construction dès la fin du XIe siècle de deux puits, vastes espaces voûtés souterrains, reliés par un long couloir durant le XIIIe siècle. Par l’intermédiaire de l’archéologie du bâti, l’exploitation salifère permet d’aborder les systèmes de captation de la saumure, du relevage et plus tardivement des deux systèmes de pompe mis en œuvre tour à tour. L’étude de la Maison du Grand Puits, construite au XVe siècle en surface, au droit du Grand Puits, retrace les transferts de la saumure dans les bernes d’exploitation. L’un des bâtiments parfaitement conservés, malgré les lourds aménagements pour l’installation d’un casino en 1956, sont consacrés à la remonté de la saumure. Transférée dans les bernes où se situent les poêles pour la « cuite », la saumure est chauffée afin de collecter la fleur de sel. Si ces vestiges de production mainte fois réaménagés sont maintenant ouverts aux publics dans le nouveau Musée du sel, ceux-ci ne sont pas couverts par une analyse archéologique. La dernière étude conserve le Magasin des sels, lieu de stockage de la saumure et du sel, en pain ou en vrac. Ce bâtiment reconstruit en 1841 pour augmenter le rendement de la saunerie livre un tracé du XVe siècle totalement occulté.
Cette conférence sera donnée par Stéphane Guyot (Eveha/ UMR 7044, Université de Strasbourg).
Informations sur le site de l'ULB