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Cycle de Films de Marcel Pagnol


"Je faisais tout : producteur, directeur des studios et des laboratoires, réalisateur, directeur des agences... J'habitais dans les studios. On mangeait à la cantine tous les jours. Quand on tournait, c'était une immense tablée : il y avait les acteurs, les techniciens, les machinistes..."

Si on connaît encore Marcel Pagnol l’écrivain, son cinéma, longtemps rejeté en France par la critique, est, malgré son immense succès populaire, peu connu aujourd’hui. Profitons de l’été et de la mise en perspective historique que permettent nos collections pour revoir une œuvre dont la richesse n’a d’équivalents que celle de la terre de Provence et de ses habitants qu’elle a si bien filmés.

Prof d’Anglais avant de pouvoir se consacrer exclusivement au théâtre grâce au succès de ses pièces, Pagnol sympathise avec le responsable de la Paramount en France, ce qui lui permet de faire adapter ses pièces par Alexandre Korda et Marc Allégret. Très vite il passe lui-même derrière la caméra, quitte Paris et son centralisme culturel pour retourner à Marseille. Il fonde sa société de production sur le modèle des Artistes Associés. Son indépendance dans la production lui permet alors de faire un cinéma très personnel. André Bazin dira de lui qu’il est un des plus grand cinéastes de films parlants, à la démesure comparable à celle de Von Stroheim et de Griffith pour le muet. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas pour lui de faire du théâtre filmé, le cinéma étant un moyen d’emmener le théâtre à un autre niveau, de se démarquer du théâtre de boulevard et de l’hermétisme des avant-gardes.

Pour que le texte prenne toute son ampleur, le plus grand soin est accordé à l’ambiance sur le tournage, au choix des décors naturels, des costumes, et à la captation du son direct et de la lumière avec les meilleurs moyens techniques. Tout ce qui pourrait sembler accessoire, tant la parole prend la place centrale, ne l’est pas, mais est justement ce qui fait écho au texte et à la voix qui le porte, et c’est cette attention accordée aussi à ces matières-là, dans leur simplicité, qui permet peut-être de constater aujourd’hui que le cinéma de Pagnol a, l’air de rien, très bien résisté à l’épreuve du temps. Une miche de pain, une montagne, un arbre, une cruche, un accent, la lourdeur d’un corps, une étoffe, un encadrement de fenêtre… tout résonne avec l’humanité des personnages et la beauté des dialogues. Pagnol fait appel dans ce retour en Provence à son plus grand chantre, Jean Giono, pour les chefs-d’œuvre que sont Jofroi, Angèle ou Regain. Oubliez Fernandel en comique facile, allez voir ce dernier film et vous verrez aussi à travers la troupe attachante de Pagnol, Orane Demazis, Josette Day, Blavette, Delmont, l’énorme Raimu bien sûr, des acteurs formidables, qui incarnent des personnages d’une profondeur rare.

Si le Pagnol cinéaste est seulement reconnu à sa juste valeur en France à partir de la fin des années 1960 (excepté le soutien de Renoir, dont Pagnol produit Toni), c’est déjà très tôt le cas outre-Atlantique, James Whale et Preston Sturges adaptant la trilogie marseillaise ou Orson Welles pour qui La Fille du puisatier est un des films préférés. Les Italiens Rossellini et De Sica ont vu en lui l’ancêtre du néo-réalisme. Les thématiques qu’il aborde sont universelles.

Informations sur le site de Cinematek