Arts visuels
du
- 2021 -
15
octobre
- 2021 -
au
- 2022 -
13
février
- 2022 -
Europalia
Voies de la modernité
« J'ai déchiffré tous les textes confus des roues et j'ai rassemblé les éléments épars d'une violente beauté
Que je possède
Et qui me force. »
- Blaise Cendrars, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France
L’année 2021 sera l’année européenne du rail, et célèbrera donc le train en tant que moyen de transport écologique et sécurisé. Cette décision corrobore les efforts de l’Union Européenne pour la promotion de transports respectueux de l’environnement, pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050… Mais que signifie ce retour en grâce du train ? L’exposition Voies de la modernité, présentée aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles du 15 octobre 2021 au 13 février 2022 raconte l’histoire de ce mode de transport, à travers le regard des artistes qu’il a fascinés depuis le XIXème siècle. En creux, on perçoit aussi une réflexion sur le monde d’aujourd’hui.
L’invention de la machine à vapeur au XVIIIème siècle, puis celle du chemin de fer, constituent en effet un bouleversement majeur en Europe et aux Etats-Unis. En 1835, la première ligne publique d’Europe est inaugurée entre Bruxelles et Malines, ville belge située non loin d’Anvers. C’est l’entrée dans une nouvelle ère : un nouveau rapport au temps et à l’espace s’impose, ainsi qu’une nouvelle esthétique. Le train modifie la société en profondeur, en lui apportant angoisses et rêves. Il relie les villes, rattache les campagnes, livre les marchandises, transporte les voyageurs - désormais, les destinations lointaines sont accessibles en quelques heures, et le rythme des journées est cadencé par le bruit des locomotives. Il faut même adopter une « heure légale », pour uniformiser les horaires ferroviaires sur tout le territoire : c’est l’invention des fuseaux horaires.
Il n’est donc pas surprenant que cette invention, qui a cristallisé autant de sentiments contradictoires, ait fasciné les observateurs du monde moderne. Les caricaturistes et les peintres, comme Gustave Wappers en Belgique ou Honoré Daumier en France, scrutent ce nouveau mode de transport, porteur d’une esthétique nouvelle. Les gares qui sortent de terre mobilisent les codes de l’architecture moderne, et Monet, comme Caillebotte puis Norbert Goeneutte, poseront leurs chevalets à la Gare du Nord, tandis qu’à Bruxelles, Henri Ottmann peint la Gare du Luxembourg.
La fascination pour les voies ferrées ne se retrouve pas que dans les arts plastiques. Ainsi ces vers du poète français Paul Verlaine, dans son poème « Charleroi » :
« On sent donc quoi ?
Des gares tonnent,
Les yeux s'étonnent,
Où Charleroi ? »
En 1896, c’est aussi le train que choisissent les Frères Lumière comme sujet pour l’une des premières projections publiques de l’histoire du cinéma : L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Et 20 ans plus tard, dans le Manifeste du Futurisme, apogée de la glorification de l’esthétique moderne et la violence et de la vitesse, F.T. Marinetti appelle de ses vœux la fin de « l’Italie des brocanteurs », et célèbre « les locomotives au grand poitrail, qui piaffent sur les rails, tels d’énormes chevaux d’acier bridés de longs tuyaux et le vol glissant des aéroplanes ». Les peintres futuristes exploreront cette thématique sur la toile.
Après la Première Guerre mondiale, l’imaginaire collectif autour du train change. Freud s’intéresse aux effets du train sur le passager, tandis que le peintre surréaliste Max Ernst représente le microcosme du compartiment. D’autres, comme De Chirico, Delvaux ou Magritte, explorent avec le train des réalités alternatives étranges, voire inquiétantes.
S’il passionne moins dans la seconde moitié du XXème siècle, le chemin de fer est revalorisé aujourd’hui, car il est associé à l’écologie et au temps long, et apparaît donc comme alternative préférable à l’avion ou à la voiture, thématique explorée notamment par l’artiste plasticienne contemporaine Fiona Tan. Une nouvelle forme de modernité ?
Avec les œuvres de : Honoré Daumier, Claude Monet, Gustave Caillebotte, Fernand Léger.
En hommage au train, faites une pause esthétique d'une minute grâce à cette BD numérique notre exposition Machines à bulles : http://kwalia.fr/lumiere-train
Que je possède
Et qui me force. »
- Blaise Cendrars, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France
L’année 2021 sera l’année européenne du rail, et célèbrera donc le train en tant que moyen de transport écologique et sécurisé. Cette décision corrobore les efforts de l’Union Européenne pour la promotion de transports respectueux de l’environnement, pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050… Mais que signifie ce retour en grâce du train ? L’exposition Voies de la modernité, présentée aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles du 15 octobre 2021 au 13 février 2022 raconte l’histoire de ce mode de transport, à travers le regard des artistes qu’il a fascinés depuis le XIXème siècle. En creux, on perçoit aussi une réflexion sur le monde d’aujourd’hui.
L’invention de la machine à vapeur au XVIIIème siècle, puis celle du chemin de fer, constituent en effet un bouleversement majeur en Europe et aux Etats-Unis. En 1835, la première ligne publique d’Europe est inaugurée entre Bruxelles et Malines, ville belge située non loin d’Anvers. C’est l’entrée dans une nouvelle ère : un nouveau rapport au temps et à l’espace s’impose, ainsi qu’une nouvelle esthétique. Le train modifie la société en profondeur, en lui apportant angoisses et rêves. Il relie les villes, rattache les campagnes, livre les marchandises, transporte les voyageurs - désormais, les destinations lointaines sont accessibles en quelques heures, et le rythme des journées est cadencé par le bruit des locomotives. Il faut même adopter une « heure légale », pour uniformiser les horaires ferroviaires sur tout le territoire : c’est l’invention des fuseaux horaires.
Il n’est donc pas surprenant que cette invention, qui a cristallisé autant de sentiments contradictoires, ait fasciné les observateurs du monde moderne. Les caricaturistes et les peintres, comme Gustave Wappers en Belgique ou Honoré Daumier en France, scrutent ce nouveau mode de transport, porteur d’une esthétique nouvelle. Les gares qui sortent de terre mobilisent les codes de l’architecture moderne, et Monet, comme Caillebotte puis Norbert Goeneutte, poseront leurs chevalets à la Gare du Nord, tandis qu’à Bruxelles, Henri Ottmann peint la Gare du Luxembourg.
La fascination pour les voies ferrées ne se retrouve pas que dans les arts plastiques. Ainsi ces vers du poète français Paul Verlaine, dans son poème « Charleroi » :
« On sent donc quoi ?
Des gares tonnent,
Les yeux s'étonnent,
Où Charleroi ? »
En 1896, c’est aussi le train que choisissent les Frères Lumière comme sujet pour l’une des premières projections publiques de l’histoire du cinéma : L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Et 20 ans plus tard, dans le Manifeste du Futurisme, apogée de la glorification de l’esthétique moderne et la violence et de la vitesse, F.T. Marinetti appelle de ses vœux la fin de « l’Italie des brocanteurs », et célèbre « les locomotives au grand poitrail, qui piaffent sur les rails, tels d’énormes chevaux d’acier bridés de longs tuyaux et le vol glissant des aéroplanes ». Les peintres futuristes exploreront cette thématique sur la toile.
Après la Première Guerre mondiale, l’imaginaire collectif autour du train change. Freud s’intéresse aux effets du train sur le passager, tandis que le peintre surréaliste Max Ernst représente le microcosme du compartiment. D’autres, comme De Chirico, Delvaux ou Magritte, explorent avec le train des réalités alternatives étranges, voire inquiétantes.
S’il passionne moins dans la seconde moitié du XXème siècle, le chemin de fer est revalorisé aujourd’hui, car il est associé à l’écologie et au temps long, et apparaît donc comme alternative préférable à l’avion ou à la voiture, thématique explorée notamment par l’artiste plasticienne contemporaine Fiona Tan. Une nouvelle forme de modernité ?
Avec les œuvres de : Honoré Daumier, Claude Monet, Gustave Caillebotte, Fernand Léger.
En hommage au train, faites une pause esthétique d'une minute grâce à cette BD numérique notre exposition Machines à bulles : http://kwalia.fr/lumiere-train
Informations sur le site des Musées royaux des beaux-arts