Dans Pourama Pourama, accueilli à Liège la saison dernière, l’acteur et metteur en scène Gurshad Shaheman nous relatait son enfance à Téhéran durant la guerre, son exil en France et ses premiers émois de jeune adulte découvrant son homosexualité.

Pour son second spectacle, il est parti en quête d’autres témoignages aux thématiques proches. Issus du Moyen-Orient et du Maghreb, les hommes et les femmes avec qui il s’est entretenu n’ont eu que l’émigration pour issue, que ce soit pour des raisons identitaires, politiques, de conflits armés ou d’intolérance érigée en régime. Tous ont fui pour s’affirmer, exprimer leurs émotions et leurs idées, jouir enfin de leurs individualités intimes et intellectuelles.

De ce matériau, Gurshad Shaheman nous livre une écriture qui agence le réel au plus près des sentiments et tend des liens entre le personnel et l’universel. Porté par quatorze jeunes comédiens admirables, ce partage de fragments de vie se déroule sans que rien ne soit joué et transforme l’espace en labyrinthe sonore, souligné par les compositions électroacoustiques sensibles de Lucien Gaudion. Puissant, beau et violent, cet oratorio répond aux obscurantismes têtus par un Triomphe de l’amour contemporain !