Les actualités du
réseau de coopération
culturelle français
en Belgique
Sciences et universités
du

05


mai


- 2021 -
au

31


mai


- 2021 -

Découvrez le gagnant du concours de critique littéraire de l’Académie Goncourt !

Dans le cadre du Choix Goncourt de la Belgique 2020


Dans le cadre du Choix Goncourt de la Belgique, prix littéraire des étudiants belges, l’Académie Goncourt, avec le soutien de la Fondation du Crédit mutuel, a lancé une opération complémentaire visant à mettre en lumière l’aisance des jeunes jurés à écrire une critique littéraire.

Chaque participant devait composer un texte de 3000 signes sur « L’Anomalie » d’Hervé Le Tellier, lauréat du Choix Goncourt de la Belgique 2020.

Le jury de ce concours de critiques littéraires, qui s’est tenu le 11 février dernier, était composé de Kerenn Elakïm (Livres Hebdo), Caroline Lamarche (marraine belge du Choix Goncourt de la Belgique), Lucile Poulain (RTBF – La Première – Tipik).

Les jurées ont choisi la critique littéraire de Baptiste Boulier (Haute école de la Ville de Liège).

« Baptiste Boulier a rédigé une critique élégante, personnelle, très mature et très bien construite, qui témoigne d’une grande maîtrise des enjeux littéraires et contemporains, sans faire étalage d’un vocabulaire superflu. »

Il gagne un aller-retour à Paris pour une rencontre avec les Académiciens Goncourt.

Les jurées ont également attribué une mention à Jeanne Remy (Université de Liège) : « Construit comme un authentique article de presse, dès le chapô, l’autrice offre une mise en bouche, donne envie d’en savoir plus. »

Deux autres critiques ont également tiré leur épingle du jeu aux yeux des jurées : celles de Simon Van Damme (HEPH Condorcet) et d’Héloïse Daniel (HEPH Condorcet).

-----
Critique littéraire de "L'Anomalie" d'Hervé Le Tellier par Baptiste BOULIER (Haute Ecole de la Ville de Liège) : 

Et si la vie était autre chose ? Si nous n’étions finalement que la création d’une intelligence autre ? L’idée n’est pas neuve, en littérature : elle est même fondatrice de la philosophie et de la science moderne, puisqu’elle est au coeur de la démarche de Descartes. Dans L’Anomalie, Hervé Le Tellier balaye ce thème à nouveau, mais il le fait avec brio et inventivité. Ce roman se déroule dans un futur proche (l’action est datée du printemps/été 2021) et raconte la réapparition, à trois mois d’intervalle, d’un même avion, remplis des mêmes passagers, qui s’en retrouvent donc dédoublés, au même endroit. De cette situation anormale naît une pelote de complications politiques, scientifiques, religieuses et personnelles que l’auteur s’amuse à délier, fil par fil.

La première qualité de ce roman, c’est sa simplicité. Si la langue est belle, qu’on sent chez l’auteur de l’expérience et du plaisir à chercher des combinaisons de mots efficaces et une grande maîtrise de la grammaire, aucune préciosité n’alourdit jamais sa prose. La trame narrative, chorale, se déroule avec logique, par le biais d’une kyrielle de personnages réalistes, parfois un peu stéréotypés mais toujours touchants, qui permettent d’aborder avec légèreté des sujets grave (de la pédophilie au réchauffement climatique, en passant par l’homosexualité et le vieillissement).

La littérature contemporaine est une forêt dense. Tous les ans sortent des presses des centaines de nouveaux titres, et il est devenu commun pour les auteurs, de manière à exister dans cette forêt, de tracer leur chemin par l’usage de références à leurs influences. Cette démarche, qui tient autant du « name-dropping » que de l’hommage ou du bornage esthétique, est devenue presque une règle. Hervé Le Tellier sait d’où il vient, et il ne déroge pas à cette règle. Au contraire, même, il étend celle-ci, il l’étire. Ainsi, des références, il y en a à foison dans ce roman, jusque dans le titre de ses chapitres. Mais si l’auteur parvient à se démarquer, c’est qu’il n’use pas de cela par snobisme. Il n’hésite pas assumer, au contraire, des références non-littéraires, notamment aux séries et à la pop-culture. Parfois, il cite directement ses sources, de Dexter à la réponse « absolue » 42, bien connue de la culture geek. D’autre fois, et là réside la qualité de ce roman, il est plus implicite, et recréé ainsi pour chacun de ses personnages un genre littéraire et, surtout, télévisuel. Ainsi le personnage de Blake sort-il tout droit d’un thriller, quand Joanna nous vient d’une série judiciaire. Et tout cela, Hervé Le Tellier le fait avec une grande dose d’humour. Le lecteur retrouve ainsi dans « L’Anomalie » des codes esthétiques contemporains bien connus et parfaitement maîtrisés.

De cela, nous pouvons donc conclure avec humour que, finalement, « l’Anomalie » est une des meilleures série Netflix de 2020, et qu’à notre grand plaisir, celle-ci a été publiée en exclusivité à l’écrit, en français et chez Gallimard.


Découvrez les critiques littéraires du concours