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Retour sur Homo Numericus
Le cycle de conférences qui invente le monde de demain
Tout au long du mois de novembre, l’Ambassade de France en Belgique, la Direction générale Transformation digitale du Service Public Fédéral BoSa et la coalition AI4Belgium se sont associées dans l’organisation du cycle de conférences « Homo Numericus. Comment le numérique change notre rapport au monde ». Retour sur cet ensemble de débats d’idées franco-belges placé sous le haut-patronage de Mathieu Michel, Secrétaire d’Etat belge à la Digitalisation et de Cédric O, Secrétaire d’Etat français chargé de la Transition Numérique et des Communications électroniques.
De Homo Sapiens à Homo Numericus
« Pour beaucoup d’entre vous, il dort à côté de vous, c’est lui que vous regardez le premier en vous réveillant le matin, lui que vous consultez dès que vous avez une interrogation. Vous l’avez deviné, il ne s’agit pas de votre conjoint mais bien de votre smartphone. »
C’est sur le constat de l’omniprésence des outils numériques dans notre vie quotidienne que Mme Sophie Villette, Première Conseillère de l’Ambassade de France en Belgique, a ouvert le cycle de conférences Homo Numericus, le 8 novembre 2021 à SeeU, en présence du Secrétaire d’Etat belge à la Digitalisation M. Mathieu Michel.
En effet, le numérique fait désormais partie intégrante de nos existences. Il est le moteur d’une révolution constante qui transforme nos façons de créer et de partager, d’apprendre et de former, de se lier aux autres et d’affirmer nos identités individuelles et collectives : « Nous sommes entrés dans l’ère digitale » (Thomas Michelon, Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France en Belgique).
Cette nouvelle ère est celle du progrès et de l’avènement d’opportunités inédites. Les nouvelles technologies nous permettront bientôt d’entrer, de communiquer et d’interagir dans de nouveaux mondes virtuels ; de nous nourrir de nouvelles images immersives ; de protéger notre environnement, notre alimentation, notre santé ; d’imaginer et concevoir d’autres avenirs pour homo numericus.
Mais elles exposent aussi chacun d’entre nous à de nouveaux dangers : violations de la vie privée, cyberattaques, harcèlement en ligne, enfermement algorithmique, fracture sociale, fake news et déstabilisation de nos démocraties.
Le cycle de conférence Homo Numericus est né de la croyance partagée que l’avenir de nos sociétés réside dans notre capacité à relever les défis de l’ « ère numérique », et que la coopération franco-belge a un rôle à jouer dans la construction d’une société prospère, juste, et inclusive.
Renforcer les coopérations franco-belges dans le domaine du numérique
Le numérique est une priorité pour la France comme pour la Belgique. En plus de promouvoir le développement en Belgique de la mentalité #SmartNation, le Secrétaire d’Etat Mathieu Michel et s’est entouré des Digital Minds : des acteurs issus du monde académique, de l’entreprenariat, de l’investissement, dont la mission est de participer à la définition d’une politique du numérique ambitieuse. La France se projette quant à elle dans l’ « horizon 2030 », renouvelant et approfondissant ainsi le pari de la French Tech. Les levées de fonds des deux start-up françaises Contantsquare et Sorare révèlent tout le potentiel français en matière d’innovation technologique et de création de richesses.
« Ce cycle de conférences marque cette volonté de collaborer, contribuer. »
Mathieu Michel, Secrétaire d’Etat belge à la Digitalisation
A l’orée de la Présidence Française de l’Union Européenne, la France souhaite avancer le numérique comme un sujet phare pour l’ensemble de la communauté des 27, et pousser en faveur de la définition d’une politique européenne commune. La France veut travailler avec ses partenaires européens pour construire le monde de demain. Le cycle Homo Numericus offre aux acteurs français et belges l’opportunité de se retrouver sur un terrain commun, pour répondre ensemble aux défis politiques, économique, sociaux et éthiques du numérique.
Dans le cadre du programme « Novembre numérique » de l’Institut Français, et avec le soutien financier du Département de la recherche et du développement technologique du Service Public Wallonie, l’Ambassade de France en Belgique, la Direction générale Transformation digitale du Service Public Fédéral BoSa et la coalition AI4Belgium ont proposé un ensemble de sept conférences de haut niveau portant sur l’influence du numérique dans notre société. Chacun des sept événements a réuni une sélection d’experts dans le domaine des nouvelles images et réalités, du jeu vidéo, de la formation, de l’agritech, de la gouvernance par les données et de l’entreprenariat digital. Parmi l’ensemble des participants figuraient ainsi quatre digital minds belges, Nathanaël Ackerman, Saskia Van Uffelen, Julie Foulon et Frédéric Pivetta ; aux côtés desquels se trouvaient Axelle Lemaire, ex-secrétaire d’Etat à la Transition numérique, Vittoria Colizza, directrice de recherches à l’Inserm, François Taddéi, expert des méthodes d’enseignements et Directeur du Centre de Recherches Interdisciplinaires, ou encore Julien Villedieu, Délégué Général du Syndicat National du Jeu Vidéo français. Au total, 27 expertes et 30 experts de France et de Belgique ont pris part à ce cycle de conférences, organisé en partenariat avec les institutions clés du développement digital en Belgique : SeeU, l’occupation temporaire d’innovation sociale, d’apprentissage et d’expérimentation ; BeCentral, premier campus digital d’Europe, ainsi que l’UMons, l’ULiège, l’ULB et la VUB.
Enfin, plusieurs dirigeants politiques, dont Henri Verdier, Ambassadeur français pour le numérique, Mathieu Michel, Secrétaire d’Etat à la Digitalisation, Petra de Sutter, Vice-Première Ministre fédérale, Valérie Glatigny, Ministre de l’Enseignement Supérieur pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, ainsi que Bernard Clerfayt, Ministre bruxellois de la transition numérique, ont fait l’honneur de leur présence à ce cycle de conférences, affirmant ainsi la centralité de la question du numérique dans les affaires publiques franco-belges.
Pour que ces débats soient l’occasion d’un dialogue ouvert à toutes et tous, toutes les conférences ont été traduites en temps réel en français et en néerlandais, et retransmises en live streaming pour toucher un large public. L’intégralité des conférences est accessible sur notre playlist YouTube en français et en néerlandais.
« Préparons ensemble notre avenir dans un esprit collaboratif et ouvert »
Nathanaël Ackerman, Directeur Général de AI4Belgium,
Expert Innovation et Intelligence Artificielle pour SPF BoSa, Digital Mind
Homo Numericus en sept temps
Le cycle de conférences Homo Numericus s’est déployé autour des sept thèmes centraux du numérique, qui sont autant de défis et opportunités à travers lesquels la coopération franco-belge peut se déployer.
C’est, à See U, sur le thème de « L’ère immersive : nouvelles narrativités et nouveaux imaginaires » que s’est ouvert le cycle. Après les discours inauguraux du Secrétaire d’Etat à la Digitalisation Mathieu Michel et de la Première Conseillère de l’Ambassade de France en Belgique, onze intervenants ont entretenu un échange de qualité sur les questions brûlantes du moment : nouvelles images, réalités augmentée et virtuelle, metaverse … Si le metaverse existe déjà dans nos vies depuis longtemps, le secteur fait l’objet de dynamiques nouvelles, fruit de l’inventivité des acteurs qui font usage de la réalité virtuelle pour la mettre au profit de tous (formation et simulations de situations extrêmes, opérations chirurgicales à distance, accompagnement des enfants handicapés…).
Quelques jours plus tard à l’ULB, spécialistes français et belges de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle se réunissent autour du constat que le numérique transformera la structure existante des métiers, et appellent à révolutionner la formation afin de munir chaque citoyen des compétences qui leur permettront de s’approprier les métiers du futur – qui demeurent inconnus. « Le numérique a une croissance exponentielle, mais les connaissances ont une croissance logarithmique », fait alors remarquer Ben Smeets, Directeur Général des Ressources Humaines pour FOD BoSa.
Culture des soft skills, formation par projets, alternance, confiance en soi et plaisir d’apprendre ont été les mots clés de cette soirée du 16 novembre et des solutions pour la formation de l’ère numérique.
La formation de l’ère numérique doit toucher toutes et tous, et permettre de progresser vers une société plus juste et inclusive. D’où la nécessité de se réunir et de se retrouver autour de la thématique des « Championnes digitales ». La journée du 18 novembre, organisée en coopération avec BeCentral, a rassemblé responsables politiques, entrepreneuses et entrepreneures du numérique, afin de faire progresser la cause des femmes dans la tech. Petra de Sutter, Vice-Première Ministre fédérale, Bernard Clerfayt, Ministre bruxellois de la Transition numérique, et Axelle Lemaire, ex-Secrétaire d’Etat française chargée du numérique, ont tous soutenu l’événement par leur présence et ont fait part de leur implication dans l’action pour la parité professionnelle. Afin d’initier les jeunes filles dès le plus jeune âge aux outils numériques, les encourager à poursuivre des études scientifiques, leur fournir un cadre de travail sain, sûr et égalitaire, et les inspirer à devenir les championnes de demain, tous ont un rôle à jouer : hommes et femmes, il est temps d’agir !
En France comme en Belgique, un secteur apparaît comme un potentiel cœur de nouveaux métiers. Julien Villedieu présente les faits : « Pour un emploi créé dans le développement d’un jeu vidéo, c’est 2 à 3 emplois créés en lien avec ce secteur ». A l’Université de Mons, un panel réuni le 19 novembre autour du thème du jeu vidéo, de l’e-gaming et de l’e-sport lance un appel collectif : le jeu vidéo n’est plus une affaire de geeks isolés ; le jeu vidéo est partout, par ses répercussions économiques, créatives, sociales et culturelles. Jean Gréban, coordinateur de Walga (Wallonia Game Association), incite la Belgique à suivre le pari français de donner toutes leurs chances et leurs ressources aux développeurs de jeux vidéo, et à miser sur ce secteur d’avenir.
De l’autre côté de la Wallonie, le 23 novembre, l’Université de Liège a accueilli au Château de Colonster un panel de haut niveau autour des problématiques de traçabilité numérique des produits agro-alimentaires. Chercheurs, acteurs économiques et hauts responsables de la qualité de l’alimentation ont tour à tour présenté leurs travaux, les nouvelles avancées permises par le déploiement de la blockchain et les initiatives en cours pour informer un consommateur de plus en plus soucieux de la provenance des produits, de leur qualité gustative et nutritionnelle, de la protection de l’environnement et du respect de l’animal. Les intervenants ont échangé à propos de la panoplie d’outils de traçage existants, qu’il reste encore à introduire au public et à chaque acteur de la chaîne d’une façon pratique, pédagogique et efficace.
Ils ont notamment dressé l’objectif commun d’évaluer les besoins du consommateur et de lui présenter les informations pertinentes de façon lisible et ergonomique ; mais aussi de cibler l’information dont chaque acteur de la chaîne de production et de consommation a besoin. L’intervention d’une agricultrice pour la clôture des échanges a en effet rappelé que la chaîne d’alimentation et de données est une construction commune.
Les données permettront aussi d’assurer la sécurité collective des individus et d’imaginer la gouvernance de demain. Les intervenants réunis en ligne le 25 novembre sous les auspices de la VUB œuvrent au jour le jour pour que l’usage raisonné des données permettent de protéger la santé de tous. Alors que la lutte contre les épidémies s’impose comme un nouveau facteur des actions d’aujourd’hui et de demain, juristes, data scientists, épidémiologistes et inventeurs de solutions pour le bien commun ont montré l’apport décisif du traitement des données et de la modélisation dans la conception de solutions pour la santé publique. Ils ont toutefois rappelé l’absolue nécessité de protéger ces données et de garantir confidentialité et anonymat à chacun, dans le cadre du RGPD qui fait figure de référence mondiale en matière de droit des données personnelles.
Le cycle de conférences s’est conclu le 30 novembre à l’occasion d’une rencontre entre Mathieu Michel, Secrétaire d’Etat belge à la Digitalisation, et Henri Verdier, Ambassadeur français pour le numérique. La discussion, animée par Nathanaël Ackerman, Directeur général de AI4Belgium, Expert Innovation et Intelligence Artificielle pour SPF BoSa et Digital Mind pour la Belgique, s’est concentrée autour du thème de la souveraineté numérique et de l’autonomie stratégique. Cet échange a mis en évidence les priorités et convictions partagées par la France et la Belgique, et a permis rappeler le pas de géant réalisé par l’Union Européenne avec l’adoption du Digital Market Act (DMA) et du Digital Service Act (DSA). La France, qui prendra bientôt la Présidence de l’Union Européenne, espère, en étroite collaboration avec la Belgique, orienter la communauté européenne vers un nouveau paradigme du numérique. Face au défi des BigTech, le Secrétaire d’Etat et l’Ambassadeur appellent à lancer une politique d’appui à la création et à l’innovation technologique qui permettra l’émergence des communautés et des forces vives de demain. En conclusion de cet entretien et du cycle Homo Numericus, tous deux ont formulé le souhait de voir émerger un espace des communs au sein de l’Union, régi par la confiance, le partage, et l’autonomie.
« Nous, Européens, nous devons construire un espace de décision avec des valeurs européennes. »
Mathieu Michel, Secrétaire d’Etat belge à la Digitalisation
Agir pour l’avenir
Homo Numericus, ce n’est pas fini ! Ce cycle de conférences porte les germes de futures collaborations prometteuses.
A l’occasion de la conférence « Championnes digitales », les partenaires belges ont lancé un appel collectif à l’action, en soutien de l’initiative fédérale « Women in Digital ». Autour de Julie Foulon (entrepreneuse, CEO de Girleek) et de Nathanaël Ackerman, et avec le soutien de Petra de Sutter et Bernard Clerfayt, de nombreuses personnalités ont signé un engagement à faire advenir une société où les femmes trouveront leur place dans le secteur des hautes technologies, et à porter le sujet de l’inclusion des femmes dans le numérique au niveau européen. La conférence Homo Numericus du 18 novembre a ainsi permis la concrétisation d’un projet commun et porteur d’avenir.
Tout au long du mois de novembre, la réussite du cycle Homo Numericus s’est mesurée à l’ensemble des partenariats qui ont été noués entre les différents intervenants français et belges, ainsi qu’aux projets naissants qui se dessinent à l’horizon. L’Ambassade de France en Belgique, SPF BoSa, AI4Belgium et tous leurs partenaires ont œuvré activement en ce sens, en proposant de moments de rencontres et des visites de laboratoires autour des conférences. A l’occasion de la conférence « De la fourche à la fourchette : agro-alimentaire et traçabilité numérique », l’Université de Liège a reçu au sein de ses différents campus la délégation française de l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement). Au cœur des laboratoires GIGA (Liège) et Terra (Gembloux), des propositions concrètes de partenariats de recherche ont émergé des échanges. La visite du laboratoire d’agronomie de l’Université de Gand qui a suivi cette journée liégeoise s’est avérée tout aussi fructueuse, et démontre tout le potentiel du sujet des technologies agricoles – un thème autour duquel l’Ambassade de France en Belgique souhaite encourager le dialogue franco-belge à l’avenir.
Quelques jours plus tôt à Mons, les intervenants de la conférence « Jeu vidéo, e-gaming, e-sport : nouveaux enjeux et futurs logiques économiques » ont visité le CLICK Creative Innovation Center, une plateforme d’accompagnement à l’innovation rattachée à l’Université de Mons. Cette même journée, Stéphane André, Directeur de RUBIKA, école française d’excellence en matière de création de jeux vidéo, et Nathalie Kuborn et Serge Fernandes fondateur de We are coders Kids’Lab, l’école bruxelloise de programmation ludique et créative à destination des enfants, discutent déjà d’une possible collaboration. Homo Numericus a ainsi pu révéler les potentialités de coopérations franco-belge dans les secteurs du numérique, et encourager l’éclosion de nouveaux partenariats.
L’Ambassade de France en Belgique, SPF BoSa et AI4Belgium ne comptent pas en rester là. Ces échanges seront prolongés sous la Présidence Française de l’Union Européenne et tout particulièrement lors de la semaine de l’Intelligence Artificielle, qui se tiendra en mars 2022.
Rendez-vous en mars 2022 !
Emma Weingand,
stagiaire ENS
Retrouvez les captations vidéos des conférences sur ce lien